dimanche 24 décembre 2006

Bonne arrivée Bismillah!

Octobre 2002:
Je suis physiquement arrivé à Bamako, capitale du Mali. Mes bagages devront attendre encore quelques jours. A la descente de l'avion, grosse claque, j'ai l'impression de rentrer dans un four. C'est la fin de l'hivernage a la saison des pluies a été très médiocre.
Je suis accueilli pas le réseau des volontaires du progrès (c'est le nom de ma "nouvelle secte"). J'y découvre rapidement sa complexité, ses mesquineries et ses histoires de clan. Enfin je reçois mes bagages pleins d'accessoires et de logiciel divers que je crois indispensable. Je me trompe lourdement sur tout ça sauf peut être pour mon appareil photo et la carte des constellations d'étoiles que je perdrai rapidement d'ailleurs.
Rapide intronisation auprès du boss, mister JOJO, l'archétype du type qui a trop "duré" en Afrique. Il m'explique que j'ai beaucoup de chance, que s'il était plus jeune, il aurait aimé être affecté à Tessalit, petite bourgade à 50 km de la frontière algérienne. Il me dit qu'on en rediscutera dans 2 ans mais qu'à son avis j'allais adorer. Hop tape dans le dos... Il n'avait pas tort!
Petit intronisation auprès du chef de programme (je suis mis à disposition d'un projet du FED, le fond européen de développement) qui m'explique qu'étant donné mon "faible" niveau de diplome (connard!), la responsabilité de la cellule région sera bicéphale. Ca ne durera même pas 1h. Mais j'en ai pas pas encore fini avec les problèmes de chefferie africaine.
Pas le temps d'attendre toutes les démarches administratives, mon précésseur m'attend impatiemment. J'ai signé pour en chier, bordel!
Un voyage de 18 heures de bus m'attend pour rejoindre Gao, la grande ville du grand nord malien. Chargement olé olé, 2 m de bagage sur le toit du bus, des passagers installés dans la l'allée centrales pour 1200 km. Je m'installe vers le fond...tiens c'est gavé de touareg....les rebelles parlent aux rebelles. Allez yala yala!

Ségou-San-Mopti-Douentza. A chaque ville, à chaque pause, le même rituel.... 100 francs 100 francs, des jeunes filles qui vendent des poches d'eau, de lait, des bananes ,des biscuits, et autres artisanats.... Plus sympa au delà de Mopti, en sortant du "Mali utile", des peuls, grands éleveurs du Sahel, vendent du lait frais: croyez moi c'est denrée rare. Nous traversons les monts Hombori et la célèbre main de Fatma.
La main de Fatma près de Hombori

La nuit tombe. Au loin des éclairs: les dernières pluies de l'année. C'est beau et effrayant à la fois. La pluie goutte à l'intérieur du bus. Ma fenêtre est bloqué. Avec la pluie j'ai froid.
Je me blotis contre l'épaule de ma camarade d'équipée.... je ne peux pas dormir. Je rêve éveillé. Les Bambaras de Bamako ont leurs cheveux qui s'irisent sur la tête au simple nom de kidal et des Tamasheqs (c'est comme ça que j'appelerais les touaregs car c'est leur vrai nom. Touareg est un mot arabe qui signifie les égarés ou quelques choses comme ça ca. A l'époque, les Tamasheqs étaient quelques peu rectifs à l'islamisation). A part du sable, de la poussière et des rebelles, ils n'y a rien.....No comment.
Régulièrement, je suis sorti de mes songes en sursaut par le croisement d'un bus en plein phare. Il n'oublie pas non plus de claxonner. Les routes sont rectilignes (donc endormissantes) et étroites. Surtout elles sont en mauvais états. Chaque hivernage ronge la largeur de la route. Je ne vous parle même pas des enfants et des charettes tirées par des ânes. Bienvenue dans l'afrique de l'ouest rurale.
Gao et sa dune rose sont en vue. pas de bol. La ville est sur la rive gauche du Fleuve Niger et il va falloir atendre le bac de 6h et dormir parmi les moustiques inpaludés du fleuve.
Gao est l'ancienne capitale de l'empire Songhay qui dominait quasiment l'ensemble du fleuve Niger jusqu'au Frontière du Niger et du Nigeria. Avec ses 50 000 Habitants et ces 3 goudrons, elle fait office de grandes ville et on y trouve de "tout" (entendre par là les produits locaux africains tel que les fruits, du beurre, du poisson, etc.... pour le double du prix de Bamako. A Kidal, le prix des fruits est peut être multiplié par 4).
Nous traversons le fleuve mais hop méga creuvaison à 5 km de la ville... mort de rire!
Le tombeau des Askias à Gao

Pirogue, Niger et dune rose au loin

Quelques carrés d'habitation à Goa


Jeunes enfants songhoy au bord du fleuve


De toute façon, il n'y aura pas longtemps à attendre car la cavalerie viendra à ma rescouse avec mon nouveau blanc destrier: un Land Rover Defender 110 double cabine.
Il y a là la fine fleur de mon équipe de choc

Saghdie Ag Mohamed: mon chauffeur, ancien contrebandier Tamanghasset-Kidal, un peu porté sur la vitesse mais avec un tel véhicule c'est bien normal. Tifoussen wortila mais Amidin Oulane

Mohamédine Ag Alfaky: mon animateur (comprendre expert du milieu, négociateur au niveau des communautés, traducteur, coursier), disons mon bras droit social. Originaire de Tombouctou, fumeur invétéré: ia sou, tabac todadna (je suis pas bien sûr de l'orthographe, d'ailleurs l'ai je été un jour?), issu d'une famille chérifique c'est à dire descendant de celle du prophète, un brin manipulateur mais bon imachoren imachoren

Plus que de simples salariés, ces deux personnes ont montré une réelle motivation pour notre projet. Une volonté de travailler pour leur pays. De travailler le week end si nécessaire,etc... Ce fut un plaisir de travailler avec eux. Une fierté même. Quel différence avec le management à la français!!!

A Gao, nous faisons le plein de produit frais: oeufs, fruit.... J'en déduis rapidement que mon futur régime alimentaire ne va pas être diététique... et Ailwa nigla!

Je serais tenté de dire que Gao est le terminus du Mali. D'ailleurs il n'y a aucune infrastructure majeur au Nord de cette ville. Pas le moindre kilomètre de goudron. Ah si peut être...... pas mal de caserne: l'ambiance est donnée. Après un controle militaire, en route pour Kidal à 350 km plus au Nord. Il a plu récemment et les pistes sont impratiquables. Il faut prendre un chemin détourner vers les sables de Bourem
Vue de Bourem

Au bout de quelques heures de route, une tempête de sable s'est levé et rapidement on ne voit plus rien à 2 m. Malgré les vitres clauses, le sable s'imisie dans la voiture. La tempête se calme mais force est de constater que nous sommes perdu et sans le GPS....
Désolation du Tilemsi

Difficile de s'orienter dans cette désolation. Il n'y a plus aucune végétation ni même de point de repère.... Errance...
Petit détail en passant, notre defender a passé le test des oeufs de la 2Cv. Aucun oeuf cassé..... pourtant ça a secoué...

Enfin quelques chose au loin.... de rares arbuste, une mare (plutôt devrai je parler d'une flaque d'eau), un homme....

L'homme n'est en fait d'un enfant venu faire boire ses chèvres dans une des dernières mares de la saison. Il porte la crête mais à ma grande déception, rien à voir avec le mouvement punk et les sex pistol. L'enfant est juste étudiant d'une medersa, une école coranique où les étudiants apprennent par coeur les versets du coran. L'enfant a l'air ébété déjà de rencontrer quelqu'un mais encore plus surement que ce soit un acarfa ou plutôt un icofar, c'est à dire un infidèle. Saghdie échange quelques mot avec l'enfant et nous repartons. La nuit tombe....
Nous repartons et enfin un fût puis un controle militaire nous indique qu'enfin nous atteignons Anefif, la porte de l'Adrar des Ifoghas. L'adrar est le terme pour région vallonée et les Ifoghas est la principale tribut noble des Tamasheqs.

Je ne vois pas encore le village... les maisons en banco (un mélange de sable et d'argile sèché), des portes en fût de pétrole découpé, pas de grande architecture. Une assiette de riz sauce, au matelas posé au sol. Je m'apprête à vivre ma première nuit saharienne. Je rencontre à la lueur de la torche Ahmed Ag Guidi, qui sera un partenaire important. Dès que la lumière est allumé, nous sommes quasiment recouvert de grosses sauterelles. Je m'endors... Quelle première journée!
Anefif est une ville (heu plutôt un village...) sans grand intérêt mais est pourvu de bons paturages correspondant au déversement des eaux qui se concentrent dans les montagnes.
Nous abordons la montée dans les montagnes de l'adrar des Ifoghas. Ce massif cristallin est un massif cristallin très ancien associé à un cortège de roches métamorphiques. Les roches les plus dures affleure sous forme de blocs cyclopéens arrondis par descamation sous l'effet des fortes variations thermiques. Le massif n'est pas très élevé puisqu'il culmine à à peine 900 m mais le relief est suffisant pour créer un réseau hydrographique (ou plutôt d'oued) qui concentre les pluies sur des bandes de limons extrêmement fertiles. A ces latitudes, il pleut rarement plus de 100 mm par an. Parfois il ne pleut pas de l'année. Autant vous dire tout de suite que chaque goutte est vitale

Paysage de l'Adrar des Ifoghas

Si la remontée de la vallée du Tilemsi et ses désolations m'avait plutôt inquiété, l'entrée dans l'Adrar me rassura complètement sur mon futur nouvel environnement. Déjà Kidal approchait. Ma nouvelle ville de "villégiatude" pour 1,5 ans.
Kidal, Kidal, Iahane! Bismillah bonne arrivée!


To be continue....

Aucun commentaire: