Les Kel Tamasheq sont un peuple berbère originaire d'afrique du Nord et chassé dans le désert par la conquête arabe et l'islamisation. Ne sont ils pas des descendants de ces cavaliers numides qui combattirent à la bataille de Zama à l'époque d'Hannibal ou au moment de la guerre de Jurgutha. Bref... Donc ce groupe berbère est chassé vers le désert en partie car il refuse l'islamisation. Ils ont leur une religion polythéiste et une hierachie basée sur le matriarchat, c'est à dire que c'est les femmes. Aujourd'hui cette situation a bien changé mais à l'échelle du monde musulman, la femme tamasheq garde une place privilégiée.
Les Tamasheq se réfugient dans les montagnes du coeur du Sahara: le Hoggar en Algérie, l'Aïr au Niger et l'adrar des Ifoghas au Mali, y chassant alors les peuples qui y étaient arrivés avant. (j'ai jamais dit que les touaregs étaient des tendres...).Là se met en place une société de type tribale et féodale. Les Tamasheq controlent les routes caravanières qui remonte vers l'Europe ou vont vers la Mecque. Au moyen age, 3/4 de l'or présent en Europe provient du Mali. De belles cités naissent... Peut être ne sont elles proprement touaregs. Il y a débat entre spécialistes. Essouk en est un bel exemple ou bien Tamaradant. Le climat était alors plus clément. On trouvait à Kidal des girafes. Maintenant il faut pousser à 450 km plus au Sud à Ansongo pour en trouver et encore...
Cette photo de girafe est de mon ami italien Saverio Frazzoli
Gravures du site de Tamaradant
Les tribus les plus puissantes (les ifoghas et les Idnanes notamment) sont celles qui sont capables de lever des hommes pour contrer les razzia (ou rezzou) en provenance du sud de l'atlas ou pour aller effectuer des razzias sur les greniers des agricultueurs noirs au fleuve. Ces grandes tribus avaient sous leur protection des tribus de moindre importance qui eux même avaient sous leur domination des hommes libres ou Imghad. En dessous venait les forgerons (chez les tamasheqs, encore de nos jours, le travail noble est celui de l'éleveur et tout travail manuel est peu valorisé) puis les Iklans (ou bella) qui sont les esclaves capturés plus au Sud. Aujourd'hui l'esclavage a disparu dans cet région mais certaines personnes restent attachées économiquement mais aussi sentimentalement à leurs anciens maitres. Plus d'esclave donc contrairement à ce que j'ai pu libre dans certaines page d'Al Watan, un torchon algérien pourtant réputé là bas. De plus actuellement, la population est largement métissée. L'ensemble est dirigé informellement par le grand amenokal Afaghi qui a le pouvoir de rassembler les hommes pour la guerre.
Pour les populations noires du Sud, il était hors de question que l'indépendance permette la reprise de l'anarchie et des razzia. Pour les Kel Tamasheq, il n'était pas non plus question de passer sous la domination des Soudanais (autre nom pour le Mali d'alors). De toute façon, le développement induit par la colonisation avait déplacé le centre de gravité du pays vers le Sud qui avait su se tourner vers l'avenir.
Pour le pouvoir de Modibo Keita, il s'agissait donc de bien tenir en respect ces turbulents nomades d'autant plus que les régions Nord seraient stratégiques avec la présence, très supposée, de pétrole.... De mettre les nomades au pas en les amenant à l'école, etc...
En 1963, quasiment spontanément, la première rebellion touareg éclate. Les soldats maliens appliquent une politique de terre brulée, tuent le bétail, empoisonnent les puits, et créent une zone interdire, pratiquent humiliation et exécution, etc.... Un des officiers maliens traine encore aujourd'hui une sombre réputation: Diby Silas Diarra. Mister Socie, te rappelle tu de la tour au centre ville. Et bien c'est là d'où opérait ce petit Sauron.
Rapidement l'Adrar se vide et la révolte échoue.
La région devient zone militaire et interdite aux étrangers jusqu'au début des années 1990. Seule la transaharienne reste accessible comme l'atteste la présence de carcasses de voitures laissées par des aventuriers européens et qui ont largement servi ultérieurement de matière première pour l'artisanat local.
La région de Kidal est alors coupée du monde.
Son ancien fort colonial est transformé en prison politique. Ironie de l'histoire, lorsque que Moussa Traoré renversera Modibo Keita dans les année 1970, il enverra son opposant croupir dans les prisons de Kidal. Parait il que son nom est même gravé dans une geole. La tuelle militaire est pesante. Plus grave, dans les années 1970 et jusqu'au milieu des années 1980, de terribles sécheresses se succèdent. C'est l'époque du Paris-Dakar, de Balavoine qui s'arrête pour déposer des sacs de riz, etc.... Certains éleveurs perdent tout. Des notables découvrent la mendicité dans les camps de réfugiés en Algérie. Beaucoup s'exilent en Lybie, en Algérie. Certains surviront de L'aide international qui lui est destiné est détourné pas l'état maien.... Exit la fiereté tamasheq? Fin de société insolite?
Pourtant sous ces cendres éteintes couvaient une braise ardente! L'étincelle viendra de la diaspora...